Magazine « Klassik heute », Peter Cossé (02.06.2010)

« Une expérience musicale et musicologique d’une grande intensité !  Et je désire ajouter : à l’évidence, il ne s’agit nullement d’une exécution scolastique et savante mais d’une aventure pianistique vécue à la fois avec intelligence et passion sur les traces des deux compositeurs, exposant merveilleusement leurs affinités, leur proximité mais aussi leurs différences. L’interprétation de Michèle Gurdal est digne d’éloges! Sur le CD n°1, elle joue les Préludes dans leur séquence originelle. Tout  en accordant le plus grand soin aux différentes tonalités et aux nuances de sentiments jaillissant de cette musique, Michèle Gurdal  reste attentive à la foi aux détails et aux grands mouvements. Elle sait très bien comment relier chaque pièce à une autre, en les traitant en quelque sorte comme conséquence logique d’une série. Même si on ne peut parler de cycle dans les deux séries de Préludes que de manière très relative. Gurdal et son producteur ne se sont pas contentés simplement d’enregistrer deux séries de Préludes: sur le CD n°2 ces derniers sont juxtaposés: une pièce de Scriabine suit une pièce de Chopin. D’une manière fascinante, il devient clair à quel point ces miniatures sont similaires à la fois dans leur mouvement et dans l’atmosphère qu’elles suggèrent. De même, à quel point Scriabine a -consciemment ou non- été inspiré par la musique de Chopin… Je voudrais citer les Préludes suivants qui attestent le mieuxde l’affinité entre les deuxcompositeurs: nr.1-4, 11, 13, 14, 17, 20, 21 et 23. Les pièces N°8, 9, 15,16, 18 et 24 évoquent des connections un peu moins prononcées. Chaque auditeur -et j’espère qu’ils seront nombreux- reste libre d’apprécier tous les points possibles de contact entre les deux musiciens, qu’ils soient stylistiques, techniques ou mélodiques. Il faut rendre hommage à ce double CD de Préludes en tant que prestation pianistique vivante, vibrante et émouvante même dans les Préludes les plus difficiles (les N° 28 et 16). Une raison supplémentaire pour prêter une attention détaillée à ces deux groupes d’œuvres souverainement interprétés et constituant un plaisir d’écoute bien au-delà de la moyenne.